The Road to the SDGs
V E R S L A R É A L I S A T I O N D E S O D D | P R O G R È S E T R É S U L T A T S En parcourant ces initiatives, et surtout s’il n’est pas spécialiste dans le domaine, le lecteur peut se poser des questions. Par exemple, pourquoi la BID a-t-elle mis au point un nouveau modèle d’entreprise ? Quel est l’intérêt de passer au nouveau modèle d’entreprise pour nos pays ? Que se serait-il passé si nous n’étions pas passé au nouveau modèle d’entreprise ? Quel rapport y a-t-il entre le nouveau modèle d’entreprise de la BID et les questions urgentes du développement, telles que les changements climatiques, la dette extérieure, les réfugiés, le protectionnisme, la pauvreté, le chômage, l’innovation, etc. ? C’est pourquoi j’ai jugé préférable de présenter ces points sous forme de questions- réponses pour une meilleure lisibilité et pour faciliter la compréhension de ces initiatives. Question : En octobre 2016, la BID a franchi une nouvelle étape avec la prise de fonction de son nouveau président. En janvier 2017, soit cent jours après, le Programme quinquennal du Président et le nouveau modèle d’entreprise ont été déclinés. Quelles en sont les principales caractéristiques ? Pourquoi ces initiatives ont-elles été lancées et qu’en attendez-vous ? Réponse : Dès ma prise de fonction en tant que Président de la BID en 2016, je me suis penché avec beaucoup d’attention sur l’environnement économique régional et mondial, ainsi que les futures projections économiques. L’objectif était de mettre au point le meilleur modèle d’entreprise pour la BID afin de lui permettre d’aider ses pays membres à bâtir des économies fortes, diversifiées et durables, à même d’offrir des emplois, d’attirer des investissements nationaux et étrangers et de respecter leurs engagements dans le cadre des Objectifs de développement durable (ODD), de l’accord de Paris (sur les changements climatiques) et de l’Accord portant création de la BID. Pour mettre tout cela en perspective, jetons un regard sur la carte économique et sociale des cinquante-sept pays membres de la BID. Nous les retrouvons sur quatre continents : l’Asie, l’Afrique, l’Europe et l’Amérique du Sud, avec une majorité de pays en développement, ainsi qu’un certain nombre de pays de la catégorie des moins avancés. L’économie de tous ces pays repose sur l’exportation de matières premières, et donc d’emplois, vers les pays industrialisés. Il se trouve que les cours des matières premières obéissent à des facteurs mondiaux qui échappent au contrôle des pays exportateurs, ce qui affecte voire compromet la mise en œuvre de leurs plans nationaux de développement lorsque les prix à l’exportation subissent de fortes baisses. Dans ces pays, le secteur public est prépondérant dans la gestion et le contrôle de l’économie, le rôle du secteur privé ayant une portée limitée, voire insignifiante. Le secteur à but non lucratif y joue un rôle extrêmement modeste ou quasi nul dans certains cas. Cette situation a entraîné une flambée du chômage et de la dette, aggravé le déficit de financement et perpétué celui de la balance des paiements. Selon les estimations, une dizaine de millions de jeunes arrive chaque année sur le marché du travail dans les cinquante-sept pays membres. En 2030, ils seront 90 millions. De ce fait, l’incapacité à offrir des emplois pose un défi économique, social et sécuritaire. Par ailleurs, les pays membres ont besoin d’environ 1.000 milliards de dollars chaque année pour mettre en œuvre les ODD, alors que le financement cumulé du développement par les banques multilatérales de développement (BMD), dont la BID, s’établit entre 160 et 170 milliards de dollars par an. Il faut donc passer des milliards aux milliers de milliards. À ces défis, s’ajoute une croissance démographique soutenue qui fera passer la population des pays membres de 1,7 milliard d’habitants en 2015 à 2,2 milliards d’ici 2030. Avec les changements rapides et successifs qui interviennent dans le monde entier, tous les indicateurs font apparaître l’émergence d’un nouvel ordre international caractérisé par une décentralisation économique, financière et sociale, et une exacerbation du protectionnisme. Ce nouvel ordre est stimulé par un développement technologique sans précédent incarné par la variété des applications de l’industrie 4.0 et leurs incidences directes et indirectes sur la gestion des pays et des institutions publiques et privées, ainsi que sur les modes de financement, de production, de consommation et d’investissement. Ses caractéristiques se sont clairement manifestées avec la pandémie à coronavirus. Il y a peu, le débat sur ces questions relevait davantage de la spéculation et de la fiction. Aujourd’hui, cette fiction est devenue une réalité sur le terrain avec les évolutions intervenues dans les domaines de la robotique, de l’intelligence artificielle, des objets connectés, des mégadonnées, des drones et de la technologie des chaînes de blocs. Ces avancées technologiques et numériques ont des effets sur la survie des industries dans lesquelles nos pays membres ont des avantages comparatifs ainsi que sur leur compétitivité, car l’innovation est le principal vecteur de la croissance et de la compétitivité. Si les répercussions sans précédent de la pandémie à coronavirus se greffent au contexte économique mondial que nous venons d’évoquer, l’importance à bâtir des économies capables de résister à des événements imprévisibles, notamment les effets des changements climatiques (pour lesquels nous avons créé en 2018 le Département de Résilience et de Développement social à la BID), devient une évidence. De tels changements ne peuvent être pris en charge qu’en sortant des sentiers battus. La BID avait donc besoin d’un nouveau programme de travail et d’un nouveau modèle d’entreprise lui permettant de faire face à ces mutations et d’aider les pays membres à bâtir des économies durables adaptées au nouvel ordre mondial. En conséquence, le Programme quinquennal du Président est apparu comme un plan d’action comprenant des initiatives et programmes visant à aider les pays membres à bâtir et à développer des économies durables et résilientes et à respecter leurs engagements dans le cadre des ODD, de l’accord de Paris, de l’Accord portant création de la BID et du Programme mondial pour le développement. Pour mettre en œuvre le Programme quinquennal du Président, un nouveau modèle d’entreprise a été mis au point, avec le slogan « Mettre les marchés au service du développement : 1/5/10 » . [ 3 ]
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