The Road to the SDGs
V E R S L A R É A L I S A T I O N D E S O D D | P R O G R È S E T R É S U L T A T S faisant ainsi passer l’essence du développement du traitement des symptômes au traitement des causes. Question : Ce modèle d’entreprise reflète le passage de la théorie à la pratique, ainsi qu’en témoigne le choix d’un pays de la catégorie des PMMA comme le Gabon pour être le premier où ledit modèle sera appliqué. Pourtant, le Gabon, comme d’autres pays en développement, ’n’a pas d’institutions solides, la législation pertinente, une main-d’œuvre qualifiée et un environnement susceptible d’attirer les investissements. Comment des projets d’une telle ampleur peuvent-ils être mis en œuvre dans des pays dépourvus de ces paramètres ? Réponse : Il convient d’abord d’expliquer certains faits avant de répondre directement à la question. u D’abord la BID est une banque de développement dont la principale fonction est de promouvoir le développement économique et social des pays en développement et des PMMA. C’est une institution du Sud dont les membres sont tous des pays en développement, contrairement aux autres banques de développement. Elle est également la seule des onze banques de développement à avoir obtenu la note « AAA » des trois principales agences de notation internationales, bien qu’aucun de ses pays membres n’ait cette note. En d’autres termes, sa note élevée est le résultat de sa solidité financière, administrative et en matière de gouvernance. Comme la BID traite avec des pays en développement et des PMMA, il n’est pas surprenant que les paramètres évoqués tels que la législation, les institutions et un environnement favorable aux investissements fassent défaut. u Ensuite, le financement seul ne résoudra jamais les problèmes de développement de ces pays. À la BID, nous estimons que le financement n’est que l’un des éléments d’un ensemble intégré de services financiers et non financiers. Malheureusement, les modèles d’entreprise de nombreuses institutions se focalisent sur la mise à disposition de financement, dans l’idée que cela permettrait de repositionner ces pays dans le groupe des pays industriels avancés. Les banques de développement ont investi dans l’application de ces modèles, mais 60 ou 70 ans après, la plupart de ces pays exportent toujours des matières premières vers les pays industriels avancés et continuent donc de souffrir du chômage, de l’émigration, de la pauvreté et d’autres maux économiques et sociaux. Cela est dû au fait que les modèles appliqués se focalisent sur les symptômes et non les causes. La pauvreté, le chômage et le niveau d’endettement élevé sont des symptômes et non des causes. Il ne sert absolument à rien de traiter les symptômes. Naturellement, aucun changement ne peut intervenir avec le même modèle d’entreprise, et c’est pourquoi le nouveau modèle a été mis au point pour s’attaquer aux causes profondes, même si leur traitement n’est pas chose facile. Je vais maintenant répondre directement à la question. Pour que les pays en développement puissent respecter leurs engagements dans le cadre des ODD, ils doivent capter des financements et des capitaux privés qui ne représentent actuellement que 10 % des investissements dans la grande majorité de ces pays. Il faudra donc basculer vers une approche d’investissement social, économique et environnemental suivant laquelle tout problème social ou économique est considéré comme relevant d’une absence de capacité financière, le coût des obstacles au développement comme le chômage et la mauvaise gestion est déterminé, et les gains financiers issus de la résolution de ce problème sont mis en évidence en tant qu’opportunité d’investissement pour le secteur privé garantie par la BID dans le cadre des SPPM. Ainsi, le portefeuille d’opérations de la BID sera progressivement transformé, avec le passage du financement d’opérations et de projets séparés à la mise en œuvre d’un programme intégré avec les pays membres dans le cadre de la SPPM 2.0. À cette fin, la BID axera ses interventions sur : u l’amélioration de l’accès à l’information sur le marché. Pour cela, il faudra renforcer les capacités statistiques grâce à l’assistance technique aux pays membres ; u l’instauration de la cohésion entre les États membres de l’Organisation de coopération islamique (OCI) et leur partic- ipation aux chaînes de valeur aux niveaux national et entre pays, puis le déploiement du programme Reverse Linkage comme outil de coopération avec les acteurs du marché mondial ; u la résolution de la question de la faible participation du secteur privé en réformant l’environnement d’investisse- ment, non seulement pour attirer les investisseurs mais aussi encourager le secteur privé à réinvestir son épargne au niveau national, en améliorant la productivité et partant, la compétitivité, et en garantissant une croissance durable à la lumière des changements radicaux induits par l’industrie 4.0. À cette fin, la BID continuera d’œuvrer à la réforme des politiques commerciales et à l’octroi de bourses d’études aux futurs dirigeants, notamment dans les PMMA, en plus de tirer parti de la science, de la technologie et de l’innovation pour améliorer la productivité et accompagner l’entrepreneuriat. La productivité des travailleurs dans les pays membres sera comparée à celle de leurs homologues des pays développés après la mise en œuvre des programmes, en particulier dans les industries où les pays membres ont un avantage concurrentiel ; u l’orientation d’une grande partie des ressources vers des projets d’infrastructure qui permettent d’améliorer l’efficacité des acteurs du marché dans les chaînes de valeur choisies dans les SPPM. Cette méthode présente deux avantages : d’une part elle permet d’avoir facilement des clients industriels qui sont fortement sollicités pour mobiliser des investissements auprès du marché pour ces projets financièrement réalisables ; d’autre part, la prise en charge des questions de viabilité écologique que pose la focalisation sur le développement des infrastructures industrielles, dans la mesure où les activités industrielles sont généralement celles qui ont le plus grand impact sur l’environnement. À cet égard, la BID jouera un rôle actif dans la recherche de projets viables à même d’intéresser le secteur privé. De ce fait elle pourra donner plus avec [ 9 ]
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